L'optimisation d'une flotte d'engins de chantier présente de nombreux défis. François Jacob, cofondateur et directeur financier de Hiboo, et Steffen Schweiger, fondateur et directeur général de Machine26, se réunissent pour discuter de ce sujet.

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Hiboo développe un logiciel qui aide les entreprises de construction à optimiser leurs opérations sur le terrain. Hiboo centralise les données collectées à partir de tous les équipements connectés sur un point final unique et les transforme en informations exploitables. Hiboo a été membre du premier programme CATALYST de Leonard, en 2020.

Machine26 développe un logiciel qui aide les propriétaires d'engins de chantier à inspecter et à vendre leurs machines. L'application d'inspection M26 recueille toutes les données pertinentes sur l'état de la machine afin que les utilisateurs puissent recevoir la meilleure offre de la part des vendeurs d'occasion internationaux. Machine26 est membre du programme Leonard 2022 SEED.

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Quels défis voyez-vous dans la gestion des équipements aujourd'hui ?

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François Jacob (Hiboo) : Juste derrière le secteur agricole, le secteur de la construction est l'un des secteurs les plus sous-digitalisés au monde. Cela signifie que ce secteur ne profite pas des données produites pour gagner en compétitivité et en efficacité.

Cependant, nous sommes confrontés à un véritable paradoxe : la quasi-totalité des machines de construction sont connectées par les fabricants de machines depuis plus d'une décennie, et pourtant, très peu d'entreprises de construction savent comment en tirer parti.

La raison principale est que la plupart des entreprises de construction ont des flottes hétérogènes en termes de fabricants.

Pourtant, ces quelques indicateurs peuvent représenter des milliers d'euros d'économies annuelles lorsque les données de la flotte sont centralisées en un point unique et transformées en informations exploitables.

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Steffen Schweiger (Machine26) : En effet, aujourd'hui, il n'y a pas ou peu de collecte de données sur les machines pendant le cycle de vie. Les données disponibles sont réparties entre différentes têtes et différents systèmes. Les entreprises ne peuvent donc pas en tirer des informations précieuses. En fin de compte, elles prennent de mauvaises décisions en matière d'approvisionnement, d'exploitation et de vente et perdent du temps et des bénéfices.

La vente à la fin du cycle de vie prend beaucoup de temps en raison de nombreux processus analogiques et basés sur le papier : les données pertinentes sur les machines doivent être collectées à partir de différentes sources et à l'aide de différentes interfaces, et de nombreuses interactions avec les acheteurs potentiels sont nécessaires. En outre, les décisions ne peuvent souvent pas être basées sur de nombreux points de données et les possibilités sont limitées aux offres régionales.

Tout cela entraîne des pertes d'efficacité qui peuvent être évitées en passant à des solutions numériques. Pour les propriétaires de machines, il est également difficile d'obtenir un prix réel sur le marché (et pas seulement un prix proposé par quelques acheteurs) et de respecter les règles de conformité.

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Comment votre startup contribue-t-elle à répondre à ces questions ?

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Steffen Schweiger (Machine26) : Machine26 est une solution de revente de matériel de construction d'occasion. Nos outils numériques permettent aux entreprises de construction de revendre facilement des machines dans le respect des règles. Elles ont ainsi plus de temps pour se concentrer sur leur cœur de métier.

Grâce à notre application d'inspection, les entreprises de construction ont également une vue d'ensemble de l'état et de la valeur de leurs machines à tout moment. Ces données sont importantes pour optimiser la gestion du cycle de vie des machines.

Machine26 est membre du programme SEED de Leonard et la solution est déjà utilisée au sein du groupe VINCI, notamment par Eurovia.

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François Jacob (Hiboo) : Hiboo est une plateforme de données sur les équipements qui aide les entreprises à maximiser la productivité, la rentabilité et la durabilité de chaque équipement mobile impliqué dans un projet de construction.

Pour ce faire, nous avons développé un catalogue de plus de 60 sources de données comprenant les principaux fabricants d'équipements de construction et de camions (Caterpillar, Volvo, Komatsu, Renault Trucks, etc.), des sociétés de télématique (Trackunit, Geotab, Ocean), et des capteurs externes (IoT, pression des pneus, niveau du réservoir de carburant). Nous normalisons toutes ces données et fournissons à nos clients des bibliothèques de rapports préformatés pour les aider à prendre les meilleures décisions sur la gestion de leur flotte : mesure de l'utilisation, optimisation des coûts, réduction du taux d'inactivité, rapport sur le CO2, et bien plus encore.

Enfin, ces données peuvent également être livrées au sein de solutions logicielles du marché de la construction, telles que SAP, Salesforce, Procore ou BLG. Nous traitons actuellement les données de plus de trente mille machines de construction dans le monde entier, dans plus de 50 pays.

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Comment évaluer la valeur réelle de la machine ? Quels sont les défis à relever à cet égard ?

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Steffen Schweiger (Machine26) : En sollicitant le marché ! Sur notre plateforme, les acheteurs professionnels peuvent faire une offre sur les machines. Le vendeur obtient ainsi la meilleure offre du réseau, qui reflète le prix réel du marché à ce moment précis.

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François Jacob (Hiboo) : Et nous pouvons aider M26 en lui fournissant les données des machines vendues sur le marché de l'occasion ! En effet, pour un acheteur, il devient essentiel de connaître l'historique de la machine, ses périodes de maintenance, ses codes d'erreur, et le taux d'inactivité pendant lequel elle a fonctionné. Ces nouvelles données apportent confiance et sérénité aux acheteurs de machines d'occasion.

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Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés en termes de croissance ? Quel est le meilleur moyen d'atteindre vos clients et de les intégrer ?

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Steffen Schweiger (Machine26) : De plus en plus de clients adoptent notre solution, ce qui est formidable et nous réjouit. Cependant, la situation actuelle du marché est assez difficile. Il y a une pénurie de nouvelles machines. Par conséquent, les propriétaires de machines ne vendent pas autant de machines d'occasion que d'habitude.

Pour favoriser le changement numérique dans le secteur de la construction et accroître l'acceptation des solutions numériques, il est important d'impliquer les utilisateurs dans le développement des produits. Chez Machine26, nous avons travaillé en étroite collaboration avec les employés des ateliers afin de créer notre application d'inspection. Nous ne voulons pas que le changement numérique se fasse du jour au lendemain, mais étape par étape et main dans la main avec nos clients.

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François Jacob (Hiboo) : Le principal défi auquel nous sommes confrontés est de faire prendre conscience à nos clients de la valeur de leurs données. Il est parfois difficile de réaliser que des centaines de milliers d'euros peuvent être économisés chaque année en surveillant le parc d'équipements grâce aux données.

Deuxièmement, nous avons décidé de co-créer notre produit avec nos clients et utilisateurs : ils sont les mieux placés pour nous aider à concevoir les rapports dont ils ont besoin sur la base des données de l'équipement. C'est la meilleure façon de s'assurer que le produit que nous développons sera utilisé et partagé dans toute l'entreprise.

Enfin, nous avons décidé, dans notre feuille de route stratégique, de concentrer nos activités et le développement de nos produits sur le secteur de la location. En effet, le marché des équipements de construction tend selon nous vers un modèle de location à long terme, au lieu d'acheter ses propres équipements. Ainsi, nos clients du marché de la location ont un double intérêt à utiliser Hiboo : d'une part, ils peuvent mieux gérer globalement la flotte louée (utilisation, codes défauts), et d'autre part, cela leur permet d'apporter de l'innovation sur le marché, en offrant la plateforme Hiboo à tous leurs clients, pour consulter les données de la flotte louée, ce qui est totalement inédit sur le marché.

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Comment ces solutions peuvent-elles contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable ?

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Steffen Schweiger (Machine26) : Machine26 est une solution technologique pour le commerce de machines de construction d'occasion. Notre contribution à un secteur de la construction durable a deux dimensions : d'une part, nous soutenons le passage à des machines plus respectueuses de l'environnement et, d'autre part, le commerce international maximise le cycle de vie et l'utilisation des machines déjà produites.

Ainsi, nous aidons nos clients à réduire leur empreinte carbone. En outre, nous promouvons un mode de travail durable au sein de la startup.

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François Jacob (Hiboo) : Le développement durable est un enjeu majeur pour le secteur de la construction, qui est aujourd'hui l'un des plus gros contributeurs aux émissions de CO2 en Europe. La bonne nouvelle, c'est que les données sur les équipements peuvent réduire considérablement l'empreinte carbone d'une flotte d'équipements.

Si je devais choisir un seul indicateur, ce serait probablement le taux de ralenti. Le taux de ralenti, exprimé en pourcentage, est une mesure du temps passé par un moteur à tourner au ralenti. En Europe, le taux moyen de marche au ralenti des engins de chantier est de près de 40 % ! Réduire d'une heure par jour le taux de marche au ralenti d'un engin revient à retirer deux véhicules légers de la circulation. Quand on sait qu'une heure de marche au ralenti coûte environ 50 USD, le défi est autant écologique que financier.

Et ça marche ! L'un de nos principaux clients a réussi à réduire son taux d'inactivité moyen de 32 % à 26 % en moins de six mois, sur un parc de plus de deux mille équipements.

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